SOLIDARITÉ  MAGAZINE

 

Bulletin

de la Commission de la Solidarité Internationale

de l’Association Voir Ensemble

 

 

 

 

 

 

« Ayez la patience de marcher jusqu’à ce que vous ayez des ailes pour voler. » François d’Assise.

 

 

 

N° 56                                                                            mai 2024

 

 


 

Siège : Voir Ensemble, Solidarité Internationale, 15 rue Mayet, 75006, Paris

Téléphone (responsable de la Commission) : 06 60 63 96 60

Adresse électronique : csi@voirensemble.asso.fr

 

 

Équipe de Rédaction : Yves Dunand, Cécile Guimbert,
                         Marie-Claude Cressant, Alain Bardet, Martial Lesay

 

 

Ce bulletin est distribué gratuitement mais les dons à la Commission de la Solidarité Internationale pour soutenir ses actions sont les bienvenus.

Notre association étant reconnue d’utilité publique, ils ouvrent droit à une réduction fiscale à hauteur de 66% de leur montant.

 

Ils peuvent être effectués 

-soit par virement sur le compte de la CSI dont l’IBAN est FR54 2004 1000 0157 5506 5L02 097 (en nous informant par courriel

- soit par chèque libellé à l'ordre de "Voir Ensemble, Solidarité Internationale", à adresser à :

Voir Ensemble, Commission de la Solidarité Internationale, 15 rue Mayet, 75006 Paris.

Nous enverrons en retour un reçu fiscal pour tout don supérieur à 30 euros.

 

Avec nos plus chaleureux remerciements anticipés !


 

 

Au sommaire

 

Compte rendu de notre Rassemblement solidaire  des 16 et 17 septembre 2023 à Issy-les-Moulineaux 

Bilan de l’activité de la CSI en 2023

Voir Ensemble participe à la formation  en locomotion au Cameroun par Carine Briant, Flora Touja et Coco Bertin Mowa

Nouvelles du Centre des Jeunes Aveugles de Dschang (Cameroun)

Présentation du CCFD-Terre Solidaire

Communiqué de presse à l’issue  de la Cinquième Assemblée Générale  de l’Union Francophone des Aveugles (UFA)

Le Centre de Ressources pour Jeunes Aveugles (CRJA) de N’Djamena  par Denis Guérin, chargé de communication au CTEB de Toulouse

Rapport de l’activité des deux enseignants du CPSA de Lomé pris en charge par la CSI pour l’année 2022-2023

Madagascar : Nouvelles de l’école Ephata de Fianarantsoa,  extraits de la lettre envoyée par sœur Chantal (août 2023)

Nouvelles de la mission de Philippe Ley à Madagascar

Rubrique humour

Recette : Allokos ou bananes plantains frites

 


 

Compte rendu de notre Rassemblement solidaire
des 16 et 17 septembre 2023 à Issy-les-Moulineaux
par Yves Dunand (responsable de la CSI)

 

Les 16 et 17 septembre 2023, la Commission Solidarité Internationale de Voir Ensemble a tenu son seizième Rassemblement solidaire à l’Accueil Saint-Paul d’Issy-les-Moulineaux, où nous avons eu à nouveau des échanges particulièrement riches et stimulants, dans l’ambiance conviviale et fraternelle qui caractérise nos rencontres depuis déjà 30 ans.

Sa modestie naturelle dût-elle en souffrir, je tiens tout d’abord à féliciter Antonio Pires pour le choix de ce lieu fort agréable, et aussi pour avoir assuré quasiment à lui seul l’accueil des participants au métro et la préparation logistique de ce week-end. Fort heureusement il a été ensuite parfaitement épaulé par tous nos amis bien ou malvoyants dont nous ne pouvons qu’une fois de plus louer la disponibilité et la gentillesse.

Mes félicitations s’adressent aussi bien sûr à nos invités et aux participants qui nous ont dressé un tour d’horizon très contrasté entre des réalisations déjà bien avancées, au Cameroun et au Togo, notamment, et d’autres qui pourraient s’en inspirer pour se développer au Tchad, à Madagascar, au Mali et en RDC.

Pour rappel, nos intervenants étaient Paul Tezanou (directeur du Centre des Jeunes Aveugles de Dschang, Président de l’Association Nationale des Aveugles du Cameroun et de l’Union Francophone des Aveugles), Denis Guérin (chargé de communication au CTEB de Toulouse ayant effectué plusieurs missions au Tchad auprès du Centre Ressource pour Jeunes Aveugles de N’Djamena), Nicolas Kokouma (Secrétaire de la CSI ayant effectué de nombreuses missions au Togo) et Youssouf Diakité (directeur fondateur de l’école EJADYM de Missala au Mali).

Leurs témoignages, illustrés également par trois vidéos que nous avons pu montrer ainsi que par celle relative à la formation en locomotion organisée par le CJARC de Yaoundé, ont donné tout son sens au thème que nous avions choisi : « une solidarité internationale ancrée dans les réalités du terrain ». Vous pourrez en retrouver de larges extraits dans ce nouveau numéro de notre bulletin.

Un chaleureux merci également à Isabelle Hector-Butz, chargée des relations avec les Mouvements et services d’Église du CCFD-Terre Solidaire, qui nous a fait l’amitié de rester parmi nous jusqu’au dimanche midi, et dont la présentation reprise dans ce bulletin a suscité des échanges très nourris. Elle s’est parfaitement intégrée à notre groupe comme si nous nous connaissions depuis toujours, et nous avons de bonnes raisons de croire que ce premier contact ne restera pas sans lendemain et qu’il pourra contribuer à donner encore plus de visibilité à Voir Ensemble au sein du CCFD. Je puis du reste en dire tout autant du contact que nous avons établi avec Denis Guérin, chargé de communication du CTEB de Toulouse, avec qui il est clair que nous partageons une même vision de la solidarité vis-à-vis des personnes aveugles et malvoyantes d’Afrique.

En fin d’après-midi, grâce aux liens que nous entretenons de longue date avec le journaliste Christophe Boisbouvier, son confrère de RFI Guilhem Fabry est venu nous interviewer pour un sujet qui a été diffusé sur les ondes dans les jours qui ont suivi.

Cette première demi-journée s’est clôturée par une soirée de détente bien méritée, qui nous a permis de savourer un répertoire très éclectique de chanson française, de jazz et de musiques exotiques, interprété par deux chanteuses talentueuses, Meryem Dogan et Nadia Id Amar, magistralement accompagnées au piano par Norbert Cerdeira. Une expérience que nous aurions plaisir à renouveler à l’occasion !

 

Dimanche matin, lors de notre Assemblée Générale, nous avons procédé au renouvellement de notre Comité, au sein duquel nous sommes très heureux d’accueillir Bertrand Laine et Françoise Magna, deux administrateurs de Voir Ensemble qui ont bien voulu s’engager à nos côtés pour cette cause de la solidarité internationale qui est depuis plus de 50 ans l’une des richesses de notre Mouvement. Nos chaleureuses félicitations à tous deux, ainsi qu’à nos deux candidats sortants réélus, Mohamed Azzouz et Alain Bardet. Et notre plus profonde gratitude aux deux candidats sortants qui ne se représentaient pas, André Maitrias et Cécile Guimbert, pour leur apport précieux au travail et à la vie interne de notre équipe.

Après la présentation de notre rapport d’activité, notre trésorière Seynabou Ndiaye nous a donné les chiffres essentiels de notre bilan financier dont il ressort que près de 92% de nos ressources sont consacrées à l’aide directe à nos partenaires.

Notre aumônier national Hervé Rollin a clos ces deux demi-journées en célébrant dans la chapelle une messe animée avec ferveur par la chorale Alegria.

Très pris par ses divers engagements associatifs et professionnels, notre nouveau président Matthieu Juglar est venu partager avec nous le repas du samedi soir, je l’en remercie sincèrement.

Je remercie également Ali Chiani, responsable du groupe de Paris, qui a assisté à nos échanges le samedi après-midi et nous a remis un don qui témoigne de l’intérêt constant du groupe pour notre action.

Une mention spéciale, enfin, pour notre invité Youssouf Diakité qui, n’ayant pu obtenir de visas pour prendre part à nos Rassemblements solidaires de Lille et de Dijon, n’a ménagé aucun effort pour pouvoir être cette fois parmi nous. 

Non-voyant de naissance, administrateur civil de profession et expert en informatique adaptée pour déficients visuels, Youssouf a créé sur ses propres deniers une école inclusive à Missala, dans la banlieue de Bamako, le 1er octobre 2017, à laquelle nous avions consacré un article dans notre n° 51 suite à un reportage filmé par la chaîne France 24. En dépit des nombreuses difficultés et des soubresauts politiques qu’a connus le Mali ces dernières années, l’école a continué à se développer et compte aujourd’hui 70 élèves dont 35 non-voyants. Une association a été créée en France en 2020 par Mme Elizabeth Graujman pour soutenir cette école grâce à un site visant à susciter des parrainages dont voici le lien : https://fr.ejadym.education/

Youssouf a souligné combien les dons de la CSI (livres, tablettes, cubarithmes, machine Perkins et ordinateur équipé du logiciel NVDA) ont constitué un appui inestimable pour l’école. Puissions-nous à présent l’aider, en relayant ses appels pour de nouveaux parrainages, à faire face au doublement des prix des denrées alimentaires, à créer une petite infirmerie et une bibliothèque, voire à acquérir un minibus.

Comme nous l’avons bien perçu dans son intervention, Youssouf fait partie de ces personnes aveugles d’Afrique qui, ayant eu la chance d’être scolarisées et de pouvoir vivre de leur travail, estiment que « seuls les autres comptent » et qu’il est de leur devoir de transmettre ce dont ils ont bénéficié. Des mots poignants de sincérité qui n’ont laissé personne insensible parmi l’assemblée, tant ils traduisent l’état d’esprit de tous les militants et sympathisants de notre CSI, à commencer par l’un de ses membres fondateurs, notre nouveau Président d’honneur Jacques Charlin à qui nous avons rendu un vibrant hommage amplement mérité pour tout ce qu’il a accompli en 44 ans, en tant que Président de Voir Ensemble, avec une humanité et une compétence saluées par tous.

Nous avions également parmi nous des amis et sympathisants originaires de Madagascar, de RDC et du Congo Brazzaville, nul doute que ces rencontres et ces échanges auront renforcé leur foi et leur désir de prendre leur place dans cette chaîne de solidarité que nous tissons, inlassablement, depuis des décennies, entre personnes aveugles et malvoyantes de France et d’Afrique. Des contacts se sont déjà noués dans ce sens, à l’instar de celui que nous avons eu avec Olga Faure-Olory, malvoyante franco-béninoise, qui a pu remettre en notre nom un don de matériel au CPRP d’Adjohoun le 23 décembre 2023, aux côtés d’un responsable du Rotary Club à l’occasion d’une cérémonie largement relayée par des chaînes de télé et de radio locales.

De tous ces contacts prometteurs nous aurons sans doute l’occasion de reparler lors de notre prochain Rassemblement solidaire qui se tiendra à Lyon les 27 et 28 septembre 2025 !

 

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Bilan de l’activité de la CSI en 2023

 

En 2023, l’activité de la CSI a connu une augmentation significative. L’appui à nos partenaires s’est monté à environ 34 400 euros, contre 22 700 en 2022. Ce chiffre inclut le renouvellement de notre stock de tablettes et poinçons pour un montant de 5 100 euros, ainsi que l’achat de matériel didactique et de papier braille pour 1 900 euros. S’y ajoute notre participation financière au projet de formation en locomotion que nous avons construit avec le CJARC de Yaoundé et les deux instructrices Carine Briant et flora Touja, pour 3 000 euros, dont 500 euros collectés via la mise en ligne d’un appel à des dons dédiés à ce projet.

L’essentiel de notre soutien a été destiné à des écoles ou structures éducatives, pour environ 24 400 euros, et il se manifeste par 4 types d’actions :

financement à titre transitoire de la rémunération d’enseignants et d’éducateurs spécialisés au Togo, au Cameroun et à Madagascar ;

contribution au budget nourriture d’une structure togolaise ;

parrainage d’élèves de deux structures malgaches et d’une structure camerounaise ;

fourniture de matériel didactique (machines Perkins, cubes et cubarithmes, tablettes et poinçons, papier braille....).

Ces actions ont été financées par les subventions de Voir Ensemble et de l’Association des Amis des Aveugles et Déficients Visuels présidée par Jacques Charlin, par des dons de Groupes de Voir Ensemble, du Lions club d’Issoire et de particuliers, et par les recettes d’une soirée théâtrale organisée par le Groupe Puy-de-Dôme.

Nos envois de matériel sont toujours assurés avec assiduité et efficacité par l’équipe des « chiffonniers » coordonnée par Alain Bardet. À raison d’une douzaine de colis par semaine, Alain et son équipe ont envoyé à une trentaine de partenaires un matériel très disparate, difficile à évaluer, comprenant tablettes et poinçons, papier braille, cubes et cubarithmes, livres et revues en braille, cannes blanches et embouts, jeux adaptés, matériel de basse vision, machines Perkins et dactylo, ordinateurs portables équipés de NVDA, smartphones... Nous réitérons au passage notre appel pour des dons de revues et de livres en braille intégral, notamment des livres pour enfants qui sont très demandés par nos partenaires.

Nous tenons enfin à remercier chaleureusement le CTEB de Toulouse qui, depuis janvier 2023, invite les acheteurs de ses livres braille à nous adresser leurs livres d’occasion pour que nous puissions en faire bénéficier nos partenaires africains. Un partenariat que le CTEB renforce encore aujourd’hui par l’envoi d’un lot imposant de 357 livres qu’Alain et son équipe vont se faire un plaisir de répartir entre les diverses écoles et bibliothèques intéressées !

 

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Voir Ensemble participe à la formation
en locomotion au Cameroun

par Carine Briant, Flora Touja et Coco Bertin Mowa

 



Photo de groupe devant l’entrée du CJARC. Il s’agit d’une partie du groupe des professionnels.

 

Du 24 juillet au 11 août 2023 a eu lieu au siège du Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun (CJARC) à Yaoundé, en partenariat avec l’association Voir Ensemble de France, une formation en locomotion, beaucoup plus connue dans le pays sous l’expression Orientation et Mobilité. Il faut dire que la plupart des dirigeants d’organisations des personnes non-voyantes au Cameroun ayant été formées à l’institut de réhabilitation de Buea, ils s’étaient habitués à l’expression “orientation and mobility” venant des anglosaxons mais, grâce à cette formation, ils ont pu se familiariser avec le terme « locomotion ».

 

Historique du projet locomotion

Après l’expérience de Carine et Flora au Burkina Faso en 2018 et suite aux différents échanges entre Coco Bertin et Valérie Haccart de Voir Ensemble, l’idée de faire profiter au Cameroun de cette belle initiative va naître. Malheureusement la COVID 19 survient en 2020 et perturbe ce projet qui était en cours de maturation. Les échanges vont tout de même se poursuivre entre les concernés et c’est ainsi que les choses se précisent et que les dates sont finalement arrêtées.

C’est le 24 juillet 2023 que Carine et Flora fouleront le sol de Yaoundé. Après leur installation, les choses vont directement se mettre en place. Dès le mardi 25 juillet, elles prendront connaissance de l’environnement et rencontreront le personnel du CJARC. La formation proprement dite se déroulera du 25 juillet au 10 août 2023 de la manière suivante : 3 sessions de formation destinées à 2 groupes de bénévoles et familles et un groupe de professionnels.

- Du 25 au 27 juillet : formation du 1er groupe de bénévoles et familles.

- Du 31 juillet au 4 août : formation du groupe des professionnels.

- Du 8 au 10 août : formation du 2ème groupe de bénévoles et familles.

Ces trois sessions ont été riches en échanges et partages d’expériences. Les techniques et stratégies en locomotion sont nombreuses et toutes ne pouvaient être abordées. Toutefois, les techniques et principes de base ont fait l’objet d’une attention particulière, comme la technique de guide, les protections manuelles, la technique de canne, le développement des sens compensatoires... De plus, la mise en commun de réflexions et d’expertises a permis de repenser quelques adaptations dans les codes utilisés au Cameroun, prenant ainsi en compte les spécificités du pays et les principes de l’orientation et mobilité.

Au total 56 personnes venant des 10 régions du Cameroun ont bénéficié de cette formation et sont désormais suffisamment outillées pour accompagner et faciliter les déplacements des personnes déficientes visuelles.

 

 

Photo : gâteau d’anniversaire du CJARC sur lequel nous pouvons distinguer le chiffre 35 en gros caractères orange, une part du gâteau est manquante.

 

En marge de cette activité a eu lieu la célébration du 35ème anniversaire du CJARC le 4 août. Notons qu’au cours de cette célébration, les attestations de formation ont été remises aux apprenants qui venaient des structures d’encadrement des personnes non-voyantes. Auparavant, une Randonnée Inclusive avait déjà permis aux personnes non-voyantes et voyantes, de se détendre le dimanche 30 juillet dans la ville de Yaoundé. Le parcours débutait du Rondpoint Bastos et menait jusqu’au Mont FEBE.

 

Photo de groupe lors de la randonnée au Mont FEBE : tout le monde porte le T-shirt “Blue” de Camtel

Cette formation en locomotion très appréciée a bénéficié de l’appui de plusieurs structures aussi bien camerounaises que françaises, entre autres :

Côté camerounais : Camtel, Afriland first Bank, CSPH, CJARC.

Côté français : Voir Ensemble, IRSA, AFIADV, Les Amis des Aveugles.

 

Note : voir sur notre chaîne YouTube la vidéo CJARC Déficient visuel Marcher seul… et en confiance

 

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Nouvelles du Centre des Jeunes Aveugles de Dschang (Cameroun)

 

Activités génératrices de revenus financées par la CSI

 

Ces activités originales pour procurer des emplois informels aux apprenants du CJAD sont principalement le cannage de chaises, la fabrication de brosses et de dessous de plats, la confection de nappes de table à l’aide des capsules de bouteilles et de différents tissus. Ajoutée  à ces activités récemment financées, il convient de mentionner ici l’exploitation d’un moulin à maïs cofinancé en 2006 par la CSI et la FAAF.

En deux années, le centre a intensifié son secteur d’activité générateur de revenus en capacitant dix non et mal voyants à l’exercice des activités mentionnées plus haut. Parmi ces dix apprenants qui sont plus doués pour les activités manuelles que pour de longues études, quatre sont titularisés comme personnel à temps partiel du CJAD pour enseigner aux autres. Pendant les heures de travaux manuels dans leurs établissements, ces derniers rentrent pratiquer ces différentes disciplines à l’atelier de formation professionnelle du centre. En deux années, nous sommes passés de 10 à 23 pensionnaires qui sont appelés à se former pour les besoins de la polyvalence. Dix d’entre eux semblent très doués et engagés.

Au cours de l’année 2022-2023, nous avons vendu 350 chaises dans les communautés religieuses, dans les municipalités de Dschang, Bafoussam, Douala, Yaoundé et même au Centre National de Réhabilitation des Personnes Handicapées Cardinal Paul Émile Léger. 500 objets artisanaux et d’entretien ont été vendus lors de l’exposition-vente organisée par le Centre. Notre magasin à l’entrée principale du marché «  A » sert également toujours de vitrine de promotion des objets fabriqués par les élèves du CJAD.

À titre indicatif, nous avons réalisé un bénéfice de 650 000FCFA soit 1000 Euros  avec la vente des chaises cannées seulement. Quant au moulin à maïs, il a rendu de multiples services, à savoir moudre le maïs pour l’internat et la composition des aliments des poulets. Les usagers le sollicitent moyennant un paiement correspondant au nombre de kilogrammes de maïs. Il était tombé en panne en février 2023 mais a été réparé depuis. Il a produit une recette de 400 000 FCFA (soit 610 euros) en 2022, sans compter ce qui a été consommé par les pensionnaires à l’internat.

 

L’impact de la pratique des activités physiques et sportives sur la vie des pensionnaires du CJAD

Depuis 2016, la CSI finance la rémunération de l’accompagnatrice des activités sportives du CJAD, Mme Feze Harlette, dont le dernier rapport souligne très concrètement l’impact positif de ces activités sur le comportement des élèves.

 

a- Les filles

Il y a de cela deux ans, elles ne voulaient pas entendre parler de pratique sportive mais à force de persuasion et de flatteries, elles ont commencé à venir voir dans un premier temps puis ont intégré le groupe petit à petit. Aujourd’hui la quasi-totalité des filles pratique les activités physiques et sportives, en voici quelques illustrations :

Lutresse, en classe de troisième, manquait énormément de confiance en elle. Elle refusait de faire les exercices par peur de l’échec et de ce que penseraient les autres. Aujourd’hui on entend de plus en plus sa voix pendant les entrainements. Lutresse est la meilleure joueuse de goalball et la meilleure athlète (course 100m) du centre. Elle demande à jouer contre l’équipe des garçons pour améliorer ses performances. Elle fait partie de l’équipe de l’ouest qui va défendre les couleurs de la région en juillet prochain aux finales nationales FENASSCO (fédération nationale des sports scolaires).

Sylvanie, en classe de troisième, pratique le goalball et la course de vitesse. C’était une jeune fille timide, incoordonnée, maladroite et lente dans la compréhension. Elle avait des difficultés pour mémoriser et même réaliser un geste simple comme lever les genoux. Pour chaque exercice, il fallait s’arrêter pour lui expliquer encore et encore, ce qui rendait ses camarades très impatients. Aujourd’hui, grâce à la pratique régulière du sport, on entend sa voix, elle ne laisse plus ses camarades se moquer d’elle. Elle refuse même de sortir du terrain pour un remplacement pendant les rencontres et elle marque des buts, ce qui était impensable au début. Elle a remporté une médaille d’argent aux finales départementales FENASSCO ligue A. Le proviseur l’a félicitée au rassemblement du lundi matin devant tous les élèves, car le lycée n’avait pas eu beaucoup de médailles même parmi les voyants. Elle s’est sentie fière, importante pour la communauté éducative. Elle a plus d’amies. Quand elle marche dans la cour de son établissement, on la reconnaît et on lui dit bonjour.

 

b- Les garçons

Delano, en classe de terminale, est notre meilleur joueur de ceci foot depuis des années. À son retour d’un stage avec l’équipe nationale du Cameroun l’année dernière en prélude à la coupe d’Afrique des nations, il m’a dit que les joueurs de l’équipe nationale sont âgés et vont bientôt sortir du circuit, que nous devons accentuer la formation de nos jeunes pour qu’ils prennent la relève. Ce qui a fait ma joie car il pense à ses petits frères et il veut leur progression. Pendant les séances de travail, il ne se lasse pas de donner des conseils et des petites astuces à ses cadets, de les féliciter. Il économise parfois son argent de beignets et le met comme prix pour celui qui sera désigné meilleur joueur du jour. Avec sa collaboration, les jeunes ont beaucoup évolué.

Fadimatus, en classe de CM2, est un jeune pensionnaire déplacé suite à la crise anglophone qui a incendié son école et tué certains élèves et enseignants. Il est très fort physiquement, très grand de taille mais manque d’assurance ; il n’aimait pas le ceci-foot au début parce qu’il se trouvait trop grand et il était maladroit. Il a commencé l’année dernière et avait de la peine à s’intégrer. Il avait beaucoup de difficultés avec la conduite de balle, perdait le ballon tout le temps, ce qui le rendait triste et il ne voulait plus continuer à jouer.  Nous avons sollicité le capitaine Delano qui avec son expérience dans l’équipe nationale a pu l’orienter facilement, lui prodiguer des conseils en fonction de ses difficultés. Fadimatus nous a demandé un vieux ballon de football pour que Delano lui apprenne à le manipuler au centre pendant leur temps libre. Aujourd’hui il adore ce sport et c’est notre meilleur joueur. Nous pensons qu’il pourra être sélectionné prochainement pour un stage avec l’équipe nationale. Comment ne pas exulter de joie face à ces performances inespérées !

 

Des journées intensives à Dschang

 

Au cours des journées des 11 et 12 août 2023, dans la ville de Dschang, la situation des handicapés et des déficients visuels a occupé le devant de la scène 

Tout d'abord un séminaire pour l'appropriation des droits reconnus aux handicapés par la loi et plus récemment par le Traité de Marrakech ratifié par le Cameroun, a rassemblé, sous l'égide du Ministère des Affaires Sociales et de la Commission Nationale des Droits de l'Homme, une centaine de personnes. Le Préfet du Département de la Menoua et son état-major, les responsables de l'action sociale de diverses communes de la région, les représentants de la Plateforme "Inclusive Society for Persons with Disabilities", les dirigeants de l'Association nationale des Aveugles du Cameroun et des associations membres, plusieurs anciens pensionnaires du CJAD, ont étudié les modalités d'application de ces textes officiels.

À l’occasion de cet événement, une dizaine d’anciens élèves du CJAD se sont vu attribuer des bourses pour les aider dans leurs activités génératrices de revenus, pour un total dépassant un million de francs CFA (soit 1 500 euros), et deux d’entre eux ont reçu en don des ordinateurs équipés de logiciels adaptés. Ces allocations permettront le soutien à des parcours d'études, ou le développement d'initiatives en matière de production ou de commercialisation.

Le 12 août, enfin, une présentation des activités du CJAD a été effectuée pour une délégation du Cercle des Amis solidaires de Bafou. La visite a principalement porté sur la formation professionnelle à laquelle le Directeur du Centre, Paul Tezanou, attache une importance particulière, afin de permettre aux jeunes, lorsqu'un jour ils quitteront le CJAD, l'accès à une activité rémunératrice.

 

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Présentation du CCFD-Terre Solidaire

 

Je suis Isabelle, membre du bureau national du CCFD-Terre solidaire en charge des relations avec les Mouvements et Services d’Église depuis 2 ans.

Un peu d’histoire : le CCFD (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement) est né il y a plus de 60 ans sous l’impulsion des évêques de France et de l’appel de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation pour lutter contre la faim dans le monde. Un collectif de Mouvements et Services d’Église (MSE) est ainsi né, avec pour mission d’inciter les catholiques de France au partage et à la solidarité avec les peuples souffrant de la faim.

Cette collégialité a porté la gouvernance du CCFD-Terre solidaire à décider des projets de développement à soutenir et des thèmes de campagne de sensibilisation à promouvoir.

Aujourd’hui, le CCFD-Terre solidaire est une ONG de développement qui emploie plus de 160 salariés. La gouvernance est partagée entre les MSE et le réseau de bénévoles issu des régions.

La collégialité est formée de 30 Mouvements et Services d’Église. Voir Ensemble en fait partie et y prend toute sa place. J’en profite pour remercier vos deux délégués : Nicolas et Antonio.

Les valeurs portées par le CCFD-Terre solidaire s’appuient sur :

-          La pensée sociale de l’Église

-          Les 2 encycliques du Pape François : Laudato Si où il nous invite à prendre soin de notre maison commune et Fratelli Tutti où il nous invite à faire de la fraternité notre boussole

-          Le Rapport d’orientation  du CCFD 2021-2027

Le CCFD-Terre solidaire agit contre toutes les formes d’injustice, et en premier lieu celle de souffrir de la faim, en accompagnant chaque année plus de 500 associations locales dans 70 pays, et cela dans 4 domaines d’actions : souveraineté alimentaire, migrations internationales, justice économique et Paix et Vivre ensemble. Ce mode d’actions est unique car loin des pratiques d’assistanat et d’urgence.

L’action passe par :

-          Un soutien financier et humain à des associations partenaires locales afin qu’elles puissent réaliser elles-mêmes leur projet de développement, soit plus de 2 millions de bénéficiaires ;

-          L’interpellation des décideurs politiques pour obtenir des règles plus justes aux niveaux local, national et international (le plaidoyer) ;

-          La mobilisation de tous les citoyens dans toute la France aux enjeux de solidarité internationale.

 

Sur l'AFRIQUE - La stratégie régionale du CCFD est orientée selon quatre axes

Axe 1 : Remise en cause des modèles de développement

L’objectif est de promouvoir des modèles de développement endogènes, respectueux des droits humains et écologiquement soutenables,

- en mettant l’accent sur les modèles de développement afin de placer au centre de l’équation les choix politiques opérés par les États africains et par leurs partenaires (France, UE) ;

- en abordant sous l’angle des modèles de développement la souveraineté alimentaire;

- en prenant plus en compte la thématique de la justice environnementale.

Axe 2 : Les États africains dans la tourmente

L’objectif est de promouvoir la démocratie et l’État de droit et d’accompagner l’exercice d’une citoyenneté active pour un renouvellement du politique et de la conception du pouvoir,

- en accroissant le plaidoyer que mène le CCFD-Terre solidaire vis-à-vis de la France et de l’Union Européenne, notamment au  Sahel, en faveur de la protection de l’espace civique, de la défense des libertés fondamentales et de l’appui aux acteurs engagés pour la démocratie ;

Axe 3 : Le vivre-ensemble menacé

L’objectif est de soutenir des sociétés basées sur la reconnaissance, la confiance, l’altérité et l’inclusion plutôt que l’injustice, la colère, le repli et la haine,

- en prenant en compte  les questions religieuses, identitaires et culturelles dans les stratégies partenariales ;

- en accentuant le soutien aux mouvements de jeunesse dans les stratégies partenariales.

Axe 4 : Le patriarcat

L’objectif est de soutenir les transformations systémiques des rapports de domination, comme le patriarcat,

- en favorisant une meilleure compréhension des enjeux et de la façon dont ils sont analysés et problématisés par les sociétés civiles africaines dans leur ensemble, particulièrement par les mouvements qui se revendiquent du féminisme ;

 

Concrètement, le CCFD-Terre solidaire soutient des organisations en Afrique du Sud, au Cameroun, en Centrafrique, en Éthiopie, à Madagascar, au Mozambique, en RDC (République Démocratique du Congo), au Rwanda, au Tchad, au Togo, au Bénin et j’en oublie certainement.

Ici et là-bas, nos destins sont liés. Notre politique : ne jamais faire à la place d’eux, mais avec eux.

Merci de m’avoir invitée, Merci de m’avoir écoutée et Merci de votre implication !

 

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Communiqué de presse à l’issue
de la Cinquième Assemblée Générale
de l’Union Francophone des Aveugles (UFA)

 

L’opinion publique et les partenaires au développement sont informés que l’Union Francophone des Aveugles (UFA) a tenu sa 5ème Assemblée Générale élective à l’hôtel Sofitel de Rabat (Maroc) le 27 octobre 2023. Ce grand rassemblement était placé sous le thème « Plus jamais rien pour nous sans nous : des actions novatrices grâce aux efforts conjoints ».

La rencontre a réuni une trentaine de délégués représentant les organisations et institutions de promotion des personnes aveugles et malvoyantes de 13 pays, à savoir le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon, la France, la Mauritanie, le Maroc, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Tchad, le Togo et la Tunisie. L’éclat de cet événement a été rehaussé à l’ouverture par les mots de bienvenue, d’encouragement et de soutien du Représentant du Secrétaire Général de l’Organisation Alaouite pour la Promotion des Aveugles et Malvoyants (OAPAM), M. Rachid SEBBAHI, du Président de l’Union Africaine des Aveugles (UAFA) M. Ishumael ZHOU, et de la Présidente de l’Union Mondiale des Aveugles (UMA) Mme Martine Abel-Williamson. L’assemblée fut officiellement ouverte par le Président de l’UFA, M. TEZANOU Paul.

Ce fut une belle opportunité pour les délégués présents de débattre de l’avenir de l’UFA et ceci dans un esprit de convivialité, de fraternité et de solidarité. Les travaux de l’AG ont été sanctionnés par l’élection d’un nouveau Conseil d’Administration incluant le Bureau exécutif. La composition du nouveau CA est la suivante :

- Président : M. Paul TEZANOU du Cameroun

- Vice-présidente : Mme Rajaa ALAOUI du Maroc

- Secrétaire Général : M. AYASSOU Komivi du Togo

- Trésorier : M. Andréas GERBER, Franco-allemand

- Afrique du nord : M. Rachid SEBBAHI du Maroc (titulaire), M. BOUH Mohammed Salem de la Mauritanie (suppléant).

- Afrique de l’Ouest : M. AMODJOLO Mazama-Esso du Togo (titulaire), Mme FOROGO Marie-Claude du Burkina Faso (suppléante).

- Afrique centrale : M. Cyr KOKOLO Claudier du Congo Brazzaville (titulaire), M. Daniel NTIRANYIBAGIRA du Burundi (suppléant).

Les autres régions se verront coopter leurs administrateurs par le Conseil d’Administration conformément à la recommandation des délégués.

 

À propos de l’UFA

Sous le nom de « UNION FRANCOPHONE DES AVEUGLES » (sigle : UFA), cette Association est formée de structures et organismes nationaux et/ou internationaux agissant pour les personnes aveugles et malvoyantes de la Francophonie, régie par la Loi française du 01 juillet 1901 et son décret du 16 août 1901.

L’idée de mettre sur pied l’UFA a germé lors du tout premier forum des pays francophones membres de l’Union Mondiale des Aveugles (UMA). Des délégués de 21 pays francophones de l’Europe, de l’Afrique, des Caraïbes et de l’Amérique ont participé à cette première rencontre qui a eu lieu le 31 août, le 1er et le 2 septembre 1996 à Montréal, (Québec, Canada). Cette première, de très grande importance pour la communauté handicapée visuelle québécoise a constitué l’un des événements les plus marquants de cette époque dans le milieu de la déficience visuelle, en raison de la pertinence d’établir des liens de coopération et d’échange à l’échelle internationale entre les personnes aveugles et malvoyantes des pays francophones.

Grâce à ce désir de se regrouper pour discuter des problématiques propres à leur réalité culturelle, l’UFA a été créée le 24 novembre 1998 à Montréal.

Trois membres fondateurs québécois ont donné le coup d’envoi en créant la structure de l’association. Il s’agit de Messieurs Richard Lavigne, Pierre-Paul Bélanger et Gabriel Collard. 

En 2001 a eu lieu la première Assemblée Générale à Casablanca au Maroc. Lors de la troisième Assemblée Générale de l’UFA en 2010 à Montréal, il a été décidé de transférer le siège social à Paris, et que l’organisation soit dorénavant régie par la loi française des associations.

Les Assemblées Générales de l’UFA se sont tenues respectivement en 2001 à Casablanca (Maroc), en 2005 à Angers (France), en 2010 au Québec (Canada), en 2015 à Yaoundé (Cameroun) et en 2023 à Rabat (Maroc). Les deux présidents qui se sont succédé à la tête de l’UFA sont Mme Françoise MADRAY-LESIGNE de nationalité française et M. Paul TEZANOU de nationalité camerounaise.

 

Fait à Rabat, le 27 octobre 2023

Le Secrétaire Général, AYASSOU KOMIVI

 

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Le Centre de Ressources pour Jeunes Aveugles (CRJA) de N’Djamena
par Denis Guérin, chargé de communication au CTEB de Toulouse

 

Le Centre de Ressource pour Jeunes Aveugles du Tchad est une structure d’aide sociale sous la forme d’un centre d’accueil pour jeunes malvoyants et non-voyants venant de tout le pays. Les jeunes y sont hébergés et scolarisés durant l’année scolaire d’octobre à juin.

 

1. Historique et objectifs

Créé le 8 octobre 1988 par le père Jean Williers, ancien curé de la cathédrale Notre Dame de la Paix de N’Djamena, le CRJA devient une association enregistrée le 13 juin 1995.

 

Le CRJA est plus qu’un centre d’aide. C’est un lieu extrêmement important qui remplit depuis 30 ans à lui tout seul la pyramide des besoins primaires et secondaires d’un enfant : c’est à la fois un lieu de protection, le foyer d’une véritable famille recomposée et d’accueil, une école adaptée, une petite « Maison des Jeunes et de la Culture » avec ses ateliers. On s’y traite d’égal à égal, quel que soit l’âge de l’autre, avec respect, loyauté et l’on y enseigne la créativité, l’entraide, la résilience, ... et la joie.

 

2. Inventaire de l’existant en 2023

Le CRJA dispose de deux foyers dont l’un pour les filles, complètement en ruine, et l’autre pour les garçons, seul utilisable, qui comprend 19 pièces : 5 classes, 6 dortoirs, une bibliothèque braille et une salle de musique, une salle d’informatique, deux bureaux, un magasin, une cuisine, une salle de gardiennage, des sanitaires. L’eau courante est acheminée par une pompe à main dans la cour du bâtiment.

 

3. Enseignement et activités culturelles

Les enfants non-voyants et malvoyants accueillis au CRJA viennent de tous les horizons du Tchad, sans distinction d’ethnie, de religion et de sexe, scolarisés, ou non scolarisés. Les parents sont très peu présents au côté de leurs enfants pour leur scolarisation. Les niveaux vont donc de la simple initiation au braille jusqu’à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

L’apprentissage du braille se fait dans les classes du CRJA. En général après 2/3 ans, les enfants braillistes rejoignent des classes de leur âge dans les écoles publiques partenaires. Ils sont déposés et repris à l’aide d’un bus et d’un chauffeur mis à disposition du CRJA par le diocèse.

Des sorties récréatives sont proposées tout au long de l’année, ainsi que des ateliers culturels : atelier écriture de janvier à mai, ateliers de musique (Piano, Guitare, Batterie, chant et technique vocale).

Les diplômes obtenus par les bénéficiaires du CRJA vont du brevet d’étude fondamentale au doctorat, 7 élèves ont obtenu un emploi à leur sortie du CRJA.

 

4. Personnel, partenaires et ressources

Le personnel comprend 9 salariés dont 1 directeur, 4 transcripteurs, 1 initiateur braille, 2 cuisinières, 1 gardien, et 7 bénévoles. Le Directeur, Mr Martin Lappel, est lui-même non-voyant.

 

Les partenaires sont le Lycée Sacré-Cœur, le Lycée Zénith, l’école catholique Saint-François d’Assise et Pauline Jaricot de N’Djamena, l’archidiocèse de N’Djamena, le centre d’apprentissage de la langue anglaise happyness.

À ses débuts le CRJA était soutenu financièrement par les ONG « Pain pour le monde » et CBM, mais ce soutien s’est interrompu en 2007 avec la découverte de pétrole au Tchad. Le financement actuel provient de l’archidiocèse de N’Djamena, de quelques cotisations des familles et d’aides ponctuelles de gens de bonne volonté. Bien souvent les familles ne parviennent pas à payer la cotisation, pourtant modique, mais le CRJA ne veut pas laisser d’enfants DV à l’abandon.

Le matériel didactique et informatique est insuffisant et la bibliothèque braille comporte trop de livres en abrégé – que les élèves ne maîtrisent pas, et uniquement des œuvres occidentales, pas de livres jeunesse.

 

5. Soutien du CTEB de Toulouse au CRJA

Le CTEB est entré en lien avec le CRJA en 2021, par un premier don de 15 livres, 17 journaux et des centaines d’alphabets braille. En mai 2022 j’ai effectué mon premier voyage qui a permis de créer une bibliothèque braille dans l’enceinte du centre. Le soutien du CTEB s’est ensuite manifesté par le don de 20 livres en braille et de matériel de musique pour l’atelier guitare et batterie, puis de vêtements, d’une machine Perkins et de tablettes braille.

Mon second voyage en 2023 a permis l’initiation d’un projet d’une salle d’informatique adaptée et d’embossage de braille par la mise en fonctionnement d’une embosseuse EVEREST V5 neuve (ancien don suisse).

Ces 2 voyages m’ont permis de tisser des liens professionnels forts, stables et de confiance. J’ai pu rencontrer leurs principaux et trop rares partenaires, notamment l’Archevêque de N’Djamena, l’École inclusive du CEFODEV aux abords de N’Djamena (Centre d’Éducation et de Formation des Déficients Visuels dont le président est Mr MAYENGAR Noubadoum).

J’ai pris conscience de l’existant, donc des possibles et des freins. L’inclusion des personnes avec un handicap visuel est proche de zéro, tout est à faire. Dans les mois qui ont suivi, j’ai été surpris par l’avancée technique et culturelle, par la dynamique croissante qu’ont prise les autres pays du Sahel ces dernières années dans les domaines du braille, de l’édition littéraire africaine, de la réappropriation de ses auteurs et de son histoire.

 

6. Mon projet avec le CRJA

Passer de la dépendance à l’autonomie via deux axes principaux :

- À long terme : chercher des moyens d’indépendance financière. Soit par des rentrées d’argent pérennes (tourisme, festival et actions culturelles, formation, école, production de biens...), soit par des réductions de coûts (partenariats avec ONG, Universités, commerces...). La question est : comment échapper à la dépendance à l’État et aux dons dans le futur ?

- À court terme : création d’une salle informatique adaptée et d’embossage du braille au CRJA. Besoin d’un don en compétences pour former un premier formateur à l’informatique adaptée. Permettre ainsi la première production autonome de documents en braille au Tchad !

- Créer un simple site internet vitrine du CRJA pour valoriser tout cela et faire exister le CRJA aux yeux des États, des partenaires et de la communauté internationale du handicap visuel.

 

Conclusion

J’observe une période de mutation certaine autour de la prise en compte, de l’éducation et de la valorisation des potentiels des déficients visuels. Leur considération et leur représentation dans les sociétés africaines, l’importance du braille pour eux, celle de la lecture en général, l’interpellation des nouvelles générations sur les progrès restant à faire.

J’ai l’impression que l’Afrique sahélienne est en marche, essayons de ne laisser personne derrière, car si les déficients visuels de chaque pays s’entraînent dans leur changement, ils auront en retour une plus grande aura auprès des gouvernements, des médias, de toute la société civile, et donc un pouvoir de fédération et de progrès plus fort.

Selon moi, le bonheur d’un humain est proportionnel à son degré d’autonomie, qu’elle soit physique, émotionnelle, financière ou de pensée. « Autonomie » veut dire « développement », « évolution » et « insertion ». Et l’autonomie n’est pas l’individualisme, c’est au contraire l’expression d’une sécurité intérieure durablement acquise, qui ramène l’individu à son besoin naturel de partage et de collaboration.

 

Contact :

Denis Guérin, chargé de communication et adaptateur au Centre de Transcription et d’Édition en braille (CTEB), 98 rue Michel-Ange, 31200 Toulouse.

www.cteb.fr

 

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Rapport de l’activité des deux enseignants du CPSA de Lomé pris en charge par la CSI pour l’année 2022-2023

 

Le Centre Polyvalent Saint Augustin (CPSA) de Lomé/kégué ne saurait se vanter des résultats scolaires présentés par ses élèves sans citer en première ligne l’important rôle de la CSI, qui nous apporte depuis 2018 son appui financier dans le cadre de la restauration de nos élèves et de la prise en charge salariale de deux de nos enseignants.

Restant toujours conforme au calendrier et au programme scolaire établis par le Ministère en charge de l’éducation au Togo, le primaire relève de l’IEPP AgoèNyivé Est. Le collège et le lycée qui accueillent nos élèves intégrés relèvent de l’IESG Golfe-Est. Nos élèves étant soumis aux mêmes épreuves que ceux des établissements relevant des mêmes Inspections, leurs résultats mettent ainsi en exergue le savoir et le savoir-faire de nos enseignants, et par conséquent la nécessité de leur présence. 

Découpée en trimestres, l’année scolaire s’est bien déroulée en dépit d’un petit réaménagement opéré au centre au troisième trimestre lié à une grave panne du forage qui alimente tout le centre en eau.

Voici en bref les pourcentages des résultats de chaque niveau : Primaire 98,91%, Collège 100%, Lycée 100%. 

Les activités de chacun de nos deux enseignants se déclinent comme suit :

Chargé de la formation artisanale des élèves (du primaire au lycée), M. SALAOU Félix K. Lassissi forme également ceux qui ont dépassé l’âge scolarisable. Chaque classe consacre 1h30 à 2h par semaine, en fonction de leur emploi du temps, à la formation artisanale. Cela donne des compétences pratiques aux élèves et les prépare à répondre efficacement lors des épreuves de dessin qui restent une discipline incontournable aux différents examens scolaires au Togo. La maîtrise en tressage de nattes, chaises, serpillières, lits picots, et dans la préparation du savon liquide et du savon rond est complémentaire à leurs connaissances livresques et constitue également, pour eux, une opportunité d’activités génératrices de revenus.

En ce qui concerne M. KIYOU Kiliyawélé, il est principalement chargé du suivi et de l’encadrement des élèves intégrés au collège. Il participe aux cours dans les salles de classe en mathématiques, sciences physiques et anglais ; il transcrit et décode les copies des élèves (interrogations, devoirs et compositions) pour les professeurs. Après les classes, il organise des travaux d’harmonisation des cours et de remise à niveau, car le nombre pléthorique des élèves dans les salles de classe, couplé avec la méconnaissance des exigences du braille par les enseignants, engendre toujours des retards des élèves handicapés visuels dans la prise de notes et, par conséquent, crée un décalage au niveau de la compréhension des cours.

Son assistance aux élèves de classe de terminale en Français et en Philosophie ainsi qu’à l’organisation des activités socioculturelles est très importante. Son rôle est déterminant dans les résultats de nos élèves.

En dehors de ces activités, il apporte toujours son appui à la direction dans ses tâches. Cette année, le centre a organisé une journée porte ouverte du 21 au 23 décembre 2022, couplée au Noël des enfants. M. KIYOU Kiliyawélé n’a pas manqué d’offrir toute son expertise en matière d’organisation événementielle pour son plein succès.

 

La Directrice, Pirénam LAGNAN

 

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Madagascar : Nouvelles de l’école Ephata de Fianarantsoa,
extraits de la lettre envoyée par sœur Chantal (août 2023)

 

Pour vous donner l’impression de voyager et comme nous avons l’habitude de le faire depuis plus de 20 ans, nous venons partager avec vous quelques nouvelles de notre école Ephata.

Pour la fête de l’Ascension, au mois de mai, Ephata a marqué la clôture de la célébration de son 20ème anniversaire par un voyage d’étude à Ranomafana avec tous les élèves et l’équipe presque au complet du personnel qui a magnifiquement bien assuré l’encadrement.

Le jeudi de l’Ascension, les enfants ont offert un super spectacle de chants, danses, musique aux habitants de la ville venus très nombreux les applaudir. Une action de sensibilisation réussie ! Pour mémoriser cet agréable événement, Ephata a fait confectionner des tee-shirts à la plus grande joie de tous.

 

Nouveauté dans la pédagogie spécialisée !

Après les enseignants, ce sont les élèves qui se sont initiés à une nouvelle approche pédagogique et ludique de l’écriture, de la lecture et des mathématiques avec les Lego Braille Bricks. Des formations pédagogiques ont été données aux enseignants des écoles spécialisées et dans les écoles inclusives. L’utilisation de ce matériel crée plus de motivation et de solidarité entre les élèves car ils apprennent tout en jouant. Pour la prochaine année scolaire, les matériels seront prêtés aux collèges partenaires pour que les élèves ordinaires comprennent les lego braille et qu’ils puissent venir en aide à leurs camarades de classe. Briser l’indifférence en apprenant ensemble. « Le handicap ne doit pas être un frein à l’éducation ni à l’insertion professionnelle », c’est le thème que le Ministère de l’Éducation Inclusive a choisi.

 

Des nouvelles des élèves sortis

Guétan et Aurélie, 2 jeunes, se sont investis avec leurs parents pour développer leur élevage qui est en bonne voie de reproduction. Taline, très motivée, a démarré son projet de poules pondeuses. Jocelyn n’a pas hésité à arpenter les rues de Mananjary pour trouver des clients et il donne des cours de musique, surtout synthétiseur et guitare. Des chorales lui donnent des textes à mettre en musique. Hasina a fini avec succès, puisqu’il est le 1er de sa classe, sa première année à l’université à Antsirabe en filière Economie Commerce. Il a profité de son temps de vacances pour faire un stage au Service Régional de l’Industrialisation.

Déhonie, sorti depuis plusieurs années, était très content de nous dire qu’il avait gagné le prix du meilleur artisan en vannerie à la foire de Manakara!

 

Une nouvelle activité mise en place !!!

 Après une initiation en médecine naturelle et en massage, un praticien expérimenté, étonné des capacités des élèves, a accepté de mettre en place un programme de formation sur 5 mois avec des cours théoriques plus complets pour transmettre la pratique de la réflexologie plantaire. Claudette, une jeune fille, ancienne élève d’Ephata, a trouvé un emploi stable depuis plusieurs années et pratique les massages dans un site touristique près d’Ambalavao.

 

Ephata se prépare à une nouvelle année scolaire avec ses défis ...

Bientôt Ephata pourra accueillir des touristes dans son gîte d’étape ! Une nouvelle activité génératrice de revenus dans le cadre du tourisme solidaire.

Ephata a le souci de vouloir pérenniser l’avenir du centre en garantissant une qualité optimale dans la prise en charge scolaire des 53 élèves, et de maintenir des conditions de travail respectables à ses 29 employés par le développement d’activités nouvelles et innovantes. Notre projet est de les former aux métiers d’hôtellerie.

Ce sera une grande joie pour Ephata de vous accueillir lors de vos prochaines vacances !

 

Une année scolaire conclue par des résultats encourageants...

Un collégien en classe de 5ème a bien défendu le nom d’Ephata en gagnant le diplôme du meilleur élève de sa classe avec une moyenne de 16. Trois enfants ont été admis au CEPE, une grande fierté pour leur enseignante et pour toute l’équipe. Sur les deux élèves présentés au BEPC, un est admis. La 2ème élève ne baisse pas les bras et a décidé de recommencer avec courage. Deux jeunes filles, Marie et Nila, portent à 4 le nombre d’élèves d’Ephata admis au BAC. Elles sont revenues au Centre pour entreprendre la formation en médecine naturelle et massage et préparer leur sortie d’Ephata pour entrer dans la vie active.

Enfin et avec satisfaction, sur le toit de l’internat brillent deux chauffe-eaux solaires neufs. L’eau étant devenue une denrée rare et chère, une éducation au non-gaspille s’impose pour tous les consommateurs.

 

Une action de sensibilisation réussie !

Un Forum d’Orientation a été organisé par le CERES. L’objectif est d’aider les jeunes à construire leur projet d’avenir en découvrant les parcours proposés à l’université, les ouvrir sur divers métiers, les orienter vers des centres de formation professionnelle. EPHATA avait un stand d’exposition et un groupe d’élèves a fortement impressionné le public par ses talents en musique (flûte, djembe). Beaucoup de visiteurs ont été intéressés par nos activités et notre spécificité.

Par la suite, quelques étudiants sont venus à Ephata déposer une demande pour faire un stage de découverte comme bénévoles.

 

La Plateforme MIARO

Ephata avance et a trouvé sa place au sein de la Plateforme Miaro. C’est une instance de concertation, d’échanges d’expériences, d’information et d’entraide, créée depuis novembre 2018 pour renforcer les actions en faveur des enfants et des jeunes adultes vulnérables.

 

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Nouvelles de la mission de Philippe Ley à Madagascar

 

Extraits d’un courriel reçu le 16 mars 2024

Après une grosse quinzaine à Antsirabe , je suis à Fianarantsoa où se situe le centre Ephata  dirigé par Soeur Chantal et l'association d'anciens élèves et adultes aveugles FJL . J'y resterai jusqu'à fin avril. Mes principales activités  sur place:

- Je me suis fait livrer par un neveu de Reine qui habite à Tana , le tube pour fabriquer une quarantaine de cannes rigides en aluminium. les tubes seront peints et vernis au pistolet dans l'atelier d'un centre de formation réparation cycles et motos ; la main d'œuvre est offerte par la direction du centre , le tube est financé sur le budget  ECM, les fournitures par moi. Le coût de revient devrait se situer aux alentours de 4 euros par canne.

- Un tournoi multisport handi est organisé par Ephata avec une plateforme d'établissements spécialisés, le lycée français le 25 avril. Torball et cécifoot au programme avec des entrainements réguliers des joueurs de FJL et des élèves d'Ephata.

- Comme à Antsirabe, j'ai démarré la distribution du complément alimentaire Koba Ina* aux enfants de parents aveugles , 12 kilos par mois , environ 22 euros.

Comme convenu, je demande à la CSI une enveloppe de 400 euros qui me permettra de financer:

- un approvisionnement en complément alimentaire jusqu'en fin 2024, qui sera acheté et distribué par une Soeur de la communauté d'Ephata,  environ 200 euros.

- l’organisation  d’un dépistage précoce chez les enfants des familles de FJL , soins médicaux et dentaires , 200 euros.

À part ça , tout va bien ici. La situation générale de l'ile ne s'est pas arrangée depuis les élections présidentielles de novembre dernier, même si l'inflation s'est un peu calmée. Je prévois de revenir à Fiana mi-septembre entre autres pour préparer la journée mondiale de la canne blanche le 15 octobre, qui passe sous les radars en France mais est célébrée ici car elle donne l'opportunité d'un plaidoyer auprès des institutions et autorités.

En comptant sur votre soutien actif, bien cordialement et solidairement

Philippe

 

* Le Koba Aina est une farine infantile utilisée à Madagascar pour compléter l'alimentation des populations mal-nourries ou sous-nourries, ainsi que pour prévenir la malnutrition chronique.

 

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Rubrique humour

 

Quand mes amis me manquent, je fais comme pour les échalotes, je les fais revenir au vin blanc.

Mes enfants rigolent parce qu'ils pensent que je suis folle. Et moi, je rigole parce qu'ils ne savent pas que c'est héréditaire.

J'ai configuré la reconnaissance faciale de mon téléphone quand j'étais bourré... Maintenant, je suis obligé de boire pour le déverrouiller !

Il vaut mieux viser la perfection et la manquer que viser la médiocrité et l'atteindre.

 

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Recette : Allokos ou bananes plantains frites

 

Préparation 10 minutes, cuisson 20 minutes

 

Ingrédients pour 6 personnes :

6 bananes plantains bien mûres

Huile de friture

Sel

 

Préparation :

Épluchez les bananes et coupez-les en rondelles,

Salez,

Faire frire dans un bain d’huile 2 à 3 minutes jusqu’à ce que les deux faces soient bien dorées

Egouttez sur du papier absorbant et servez-les bien chaudes, accompagnées de viande ou de poisson grillés.

Conseil : Achetez les bananes plantains dans une épicerie africaine, indienne ou asiatique.

Bonne dégustation !

 

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