Témoignage de deux bénévoles du séjour au Pont du Metty

On ne voit bien qu'avec le coeur...

Jacotte et Henri Humbertclaude ne comptent plus les heures passées à randonner sur les sentiers bressauds aux côtés des membres de «Voir Ensemble».
Voilà quinze ans qu'ils ont rejoint l'association. D'abord pour rendre service, assurent-ils modestement : habitués des marches, ils ont vu dans cet engagement une occasion de joindre l'utile à l'agréable en accompagnant des malvoyants dans leurs loisirs de plein air. Puis rapidement le couple a assumé l'accueil et l'organisation du séjour annuel d'un groupe d'habitués venus de toute la France au centre ODCVL du Pont du Metty. Et de l'avis général, cette semaine de ressourcement n'aurait pas la même saveur sans les connaissances topographiques et historiques de Henri, qui a appris à ajuster ses sorties en fonction de la météo souvent capricieuse en hiver, et le dévouement discret de Jacotte.
L'expérience ne pouvait se limiter à des questions d'intendance ou à l'appel aux bénévoles accompagnateurs, dont le Club Vosgien fournit le plus gros contingent : «Donner, c'est recevoir», rappelle Henri ; en particulier «des leçons de gens toujours satisfaits, bien plus enthousiastes et ouverts que nous», appuie Jacotte. Au fil des sorties, des repas pris ensemble, un souffle léger s'est levé. On a vu des membres du groupe à la messe dominicale (aux côtés du couple), parfois accompagnés d'un chien qui sagement remplit son rôle de guide ; un lien particulier s'est alors établi, qui a incité nos deux bénévoles à donner un nouveau sens à leur engagement :
«À plusieurs reprises, nous avons accompagné «Voir Ensemble» à Lourdes durant la semaine sainte, dans le cadre du pèlerinage départemental, explique Jacotte. Nous y retrouvions entre autres des participants du séjour bressaud.» L'expérience commune du Chemin de Croix l'a particulièrement marquée : «Décrire chaque station, lire les commentaires pour les non-voyants aide à vivre ce moment d'une manière beaucoup plus profonde. Ces pèlerinages étaient vraiment différents des autres.»
«Aussi longtemps que l'on pourra marcher, nous les accompagnerons, sinon ça nous manquerait», assure Henri. L'amitié et l'entraide qui soudent le groupe n'occultent pas les parcours souvent difficiles de chacun, mais l'énergie que déploient les malvoyants à apprivoiser le quotidien n'a pas échappé à Jacotte : «Les aider nous fait sortir de nous-mêmes et a élargi notre horizon. En marchant, nous recevons beaucoup de confidences. Vous savez, on est avec des aveugles, mais dans les conversations, le mot voir revient très souvent !»